Erasmus, ce début à tout
Dans les articles que j’écris ici, je fais parfois allusion à mon expérience au Portugal. Pas celle que je relate sur mon blog À la (re)découverte du Portugal, mais l’autre, la toute première, celle qui a été le déclenchement de bon nombre de choses, celle qui a littéralement changé ma vie, et sans laquelle je ne serais pas là aujourd’hui : mon stage Erasmus au Portugal. Avant de te raconter mon expérience à moi et te montrer comment elle a changé littéralement ma vie, je te propose une brève présentation de ce fameux Erasmus.
Erasmus en quelques mots
Erasmus, c’est un programme d’échange d’étudiants entre les universités européennes. Bien qu’il s’agisse principalement d’un programme européen, il existe une variante permettant de viser les pays hors Europe aussi.
Concrètement, le programme Erasmus permet d’aller suivre des cours dans une autre université sur une durée de 3 mois à un an, sous réserve que ces cours correspondent au programme d’études de l’étudiant.
Les 3 principaux points forts de ce programme :
- l’apprentissage/perfectionnement d’une langue : en étant immergé(e) dans un pays, rien de plus efficace pour développer ses connaissances dans la langue du pays, qui plus est dans un milieu étudiant où tu seras aidé(e) par le fait qu’on
te fasse picolert’aide volontiers 🙂 . - la découverte d’une autre culture : de même, le programme Erasmus est l’occasion parfaite pour plonger au coeur d’une autre culture, dont la découverte ne fera que t’enrichir, sans compter ces innombrables rencontres qui vont marquer ton existence à jamais.
- un « plus » sur le CV avant même de rentrer dans la vie active : avoir des expériences à l’étranger, quelles qu’elles soient, est toujours bien vu. Se lancer dans le programme Erasmus au cours de ses études, c’est à la fois s’assurer une petite ligne sympa sur le CV, mais aussi un atout personnel de taille !
En discutant avec des gens qui semblent avoir chopé le virus de la bougeotte, je me rends compte que beaucoup d’entre eux sont passés par la case Erasmus, chose qui a visiblement été le point de départ de leur vie pleine de voyages et de découvertes. C’est justement mon cas, et c’est ce que je vais te raconter de suite.
Mon Erasmus
C’était en 2007, mais les souvenirs semblent encore tout frais…
Jusqu’à la dernière minute avant mon départ, personne n’y croit, tout le monde pense que je vais abandonner ce projet ; en effet, je me bats depuis un moment contre un mal qui me ronge, et qui fait que je ne me suis jamais encore lancée à partir seule de chez moi. Mais pourtant, le lundi 14 mai 2007, me voilà partie pour Coimbra au Portugal, ma 106 bien remplie (pas question de me faire prendre l’avion à cette époque!).
Ni smartphone, ni GPS, rien pour m’indiquer la route. Juste les classiques panneaux et un minimum d’informations prises au préalable. Jusqu’à ce que je passe la frontière France-Espagne, je crois qu’au fond de moi je m’autorise à éventuellement faire demi-tour. Mais une fois cette frontière passée, c’est fini, je me sens le devoir d’aller jusqu’au bout. Je ne sais pas du tout dans quoi je me suis embarquée ; je ne sais pas du tout comment je vais me démerder sans parler un mot de portugais. En réalité, je compte sur mon excellent niveau d’espagnol de l’époque. Mais ce que je ne sais pas, c’est que ça ne va pas vraiment me servir !… Bon, allez, je laisse tomber ces inquiétudes, on verra sur place. Tout le monde dit que de vivre une expérience Erasmus, c’est génial. C’est que ça doit pas être si mal ! 😉
Le lendemain, 14h de route plus tard, j’arrive à destination : Coimbra. Je ne capte pas vraiment grand-chose de ce qu’on me raconte… mais après avoir fait le tour de la ville et de l’université, je finis par trouver mon superviseur pour ces trois mois à venir. Il me présente aux personnes du laboratoire de bactériologie dans lequel je vais travailler, m’emmène à la découverte de l’université, des points clefs de la ville, et me dépose à la résidence universitaire dans laquelle j’ai réussi à louer une chambre toute seule comme une grande à distance. Le soir, je fais rapide connaissance avec d’autres personnes de la résidence. Elle n’est pas très peuplée à cette période de l’année. Seuls des étudiants brésiliens sont ici, en fait…
Ce mardi 15 mai 2007 au soir, au moment où je me retrouve seule dans ma chambre, je suis partagée entre la fierté d’être allée au bout du chemin, celle d’avoir réussi à mettre en place tout ça toute seule, mais aussi l’appréhension de la suite…
Les jours qui suivent sont un mélange d’excitation, de petites joies et déceptions, d’efforts et de récompenses, d’aventures et de mésaventures… dont une qui m’aura coûté un déménagement précipité. Après m’être fait agresser près de ma résidence, je suis terrorisée, je n’ose plus sortir de celle-ci. Une partie de ma famille fait jouer son réseau pour m’aider à trouver un autre logement sur place dans les meilleurs délais, et c’est ainsi que j’atterris dans une colocation de filles de l’autre côté de la ville, près d’un des deux gros centres commerciaux de Coimbra.
Voilà deux semaines que je suis sur place, et je me tape un gros coup de déprime. Je me sens hyper seule, je n’ai pas encore réussi à me faire le moindre pote. Un matin, n’ayant pas internet chez moi, je file au centre commercial à côté de chez moi pour pouvoir me connecter et discuter un peu avec ma famille en espérant qu’ils puissent me remonter le moral. À la table à côté de la mienne, une jeune fille seule est installée, seule, devant son ordinateur. Je la trouve jolie, j’aurais bien aimé pouvoir parler portugais pour lui demander ses secrets… Ce que je découvre quelques minutes plus tard, c’est qu’elle parle français elle aussi ! Après une courte hésitation, je m’adresse à elle. À cet instant, nous ignorons toutes les deux que ces premiers mots seront en fait le commencement d’une très belle amitié qui perdure encore aujourd’hui, malgré la distance géographique.
Comme moi, elle est française ; comme moi, elle vient d’arriver et se tape un coup de déprime ; comme moi, elle est censée tenir 3 mois sur place. Le gros avantage qu’elle a, c’est qu’elle a déjà de solides bases en portugais grâce aux origines de sa mère. À partir de ce jour, nous ne nous quittons plus ; elle s’installe presque chez moi tellement elle y passe de temps. Chaque moment libre que nous avons en commun, c’est pour le passer ensemble, à rire, à pleurer, à manger, à boire, à découvrir… Tout ça rend chaque minute de cette expérience Erasmus plus joyeuse, plus pétillante ; et aussi, j’apprends énormément en portugais grâce au fait que cette fille soit bilingue. Cette superbe rencontre m’a redonné motivation, sourire et force pour mener à bien mes 3 mois là. Plus souriante, plus avenante, je multiplie les rencontres (j’ai gardé un contact régulier avec une bonne partie d’entre tous), et participe à plein de soirées internationales (en réalité 90% brésiliennes). Quelque chose a changé en moi, quelque chose s’est transformé, déclenché. Je ne sais juste pas encore ce que c’est…
Il me faudra attendre le retour en France pour le comprendre. Après ces 3 mois intenses dans tous les sens du terme, je reviens en France, grandie, plus forte, et désormais même « guérie » de ce qui me démolissait encore avant de partir. J’ai hâte de pouvoir raconter tout ça à mes proches. J’idéalise d’une certaine façon mon retour, car au final, rien ne se passe comme prévu. Ouais, on est contents de me revoir, « vite fait ». Chacun a sa vie, et on attend visiblement de moi que je ne vienne pas la perturber avec mes histoires de découvertes, de soirées avec des brésiliens, de virées avec ma super copine, etc… Gros coup de déprime post-retour Erasmus, un vrai de vrai… Heureusement, ma copine du Portugal n’est qu’à 1h30 de route de chez moi, ce qui nous permet de nous voir hyper régulièrement. Mais malgré ça, je ne me sens pas comblée. Seul le fait d’évoquer le souvenir de cette expérience me rebooste, voire même l’idée de la revivre. Oui, très vite, je comprends : je n’ai qu’une seule envie, celle de repartir, parce qu’une chose est sûre, ce stage Erasmus a ouvert une porte qu’il est désormais impossible de refermer…
En conclusion
Pour ma part, cet Erasmus a marqué un très gros tournant dans ma vie. Non seulement ça m’a guérie de ce mal qui me rongeait depuis un moment, mais en plus, ça a totalement changé mes perspectives d’avenir. Impossible après cela d’envisager un futur 100% en France, malgré tout l’amour que je porte à mon pays. L’international fait désormais partie de mon quotidien à jamais, que je le veuille ou non. J’en ai certes bavé au début, mais avec le recul, je me rends compte à quel point ça valait le coup. Je suis fière d’être allée au bout, d’avoir prouvé à tous qu’ils se trompaient et que j’allais réussir cette expérience. Et je suis on ne peut plus satisfaite de ce que ça a apporté à ma vie. Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si je suis allée vivre au Brésil, et que j’ai de nouveau fait un passage au Portugal par la suite ; ce premier pas Erasmus n’a été que l’initiation de tout ça 😉
Quiconque a l’opportunité de partir en Erasmus ne devrait même pas hésiter ; c’est une expérience unique qui apporte tant de choses positives. Aussi, n’aie pas peur d’aller vers les autres une fois sur place, c’est la base pour que de belles amitiés prennent forme, crois-moi !
Erasmus, c’est le commencement d’un autre chose, c’est le premier jour du reste de ta vie 😉
Encore un grand merci à Emilie pour tout 🙂
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6 commentaires
François
Ça fait plaisir, c’est comme si j’avais discuté avec toi en direct de ton expérience Erasmus. Ça me prouve encore une fois que je ne prends pas le temps d’écouter assez mes amis et que je parle tout le temps ! Je connais pas la moitié de ce que tu viens de raconter !! Il faudrait qu’on passe un jour au moins un week-end ensemble pour qu’on ait quelques soirées pour se raconter un peu notre vie, surtout que vous devez en avoir des choses à raconter !!! Bisous à toi et Alban, Jenny !!
Jenny
Faut vraiment qu’on s’organise ça oui 😉
priviereblog
C’est fou comme je me retrouve dans tes lignes, je suis rentrée depuis 8 mois seulement mais l’impact est toujours là !
Jenny
Ça restera marqué en toi à jamais d’une manière ou d’une autre, c’est certain!
teabeestrips
Je me suis reconnue dans ton article. Je suis partie en 2012 faire un stage de 5 mois en Australie et comme toi en rentrant en France la grosse déprime, je ne comprenais plus les gens qui m’entouraient et ils ne me comprenaient pas davantage. Du coup je suis repartie en 2013 en Espagne avec le programme Erasmus et comme tu le dis si bien: « Erasmus, c’est le commencement d’un autre chose, c’est le premier jour du reste de ta vie ». Maintenant je suis en Angleterre et je ne pense pas rentrer en France de sitôt. Cela m’a fait rire que toi aussi tu aies rencontré des brésiliens moi aussi en Espagne j’étais qu’avec des brésiliens. Ils sont partout lol.
Jenny
Lol tu ne t’imagines pas à quel point ils sont partout ! Au moment même où je t’écris, je suis dans un café où un brésilien bosse… À vrai dire, dans tous les cafés du coin, il y a au moins un brésilien qui bosse ! En tout cas, oui, la découverte du monde, c’est une drogue ! Je vais de ce pas jeter un oeil à ton blog 😉