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Le dernier voyage de Toupie

Si tu fais partie des rares lecteurs/lectrices qui ne savent pas qui est Toupie, je t’invite à lire cet article qui la présente. Je l’avais rédigé en 2016, peu après qu’une pathologie cardiaque lui avait été diagnostiquée. Suite à cela, et jusqu’à décembre 2022, j’avais réussi à repousser le moment où il faudrait qu’elle commence à être traitée. Nous avions déjà dépassé les 10 ans, ce seuil que les vétérinaires ne voyaient pas Toupie atteindre… Depuis 2016, Toupie a continué à vadrouiller avec nous, à gagner les coeurs de toutes les nouvelles personnes qu’elle a croisées, et à joyeusement découvrir tout un tas de nouveaux endroits. Fin 2022, ses constantes indiquent qu’il est désormais indispensable de la traiter pour son souffle au coeur qui a évolué. Ce traitement semble en effet l’aider. Elle reste joyeuse et toujours motivée pour une balade, peu importe la longueur, tant qu’il ne fait pas trop chaud. Aujourd’hui, j’aimerais te parler de son dernier grand voyage, ce voyage duquel elle ne reviendra pas.

Toujours partante pour une aventure avec moi

19 août 2023, retour de 10 jours aux îles Cook. Toupie est restée pendant ce temps-là chez des copains de l’époque. Je sais qu’elle y est entre de bonnes mains, et sûrement très gâtée. Il faut dire qu’elle sait y faire avec ses gigantesques yeux bruns pleins de douceur, impossible de lui résister. D’habitude, et bien qu’elle soit d’un tempérament plutôt réservé, elle fait une fête incontrôlable lorsqu’on la retrouve. Cette fois-ci, elle est particulièrement calme. Elle semble fatiguée, et elle a pris du poids.  Elle a sûrement juste bien profité de ses vacances…

Nous filons directement à une plage où il est possible de lâcher les chiens pour qu’ils se défoulent. Toupie s’en fout des autres chiens ; ce qui l’intéresse à la plage, c’est de chasser les crabes. Mais pas cette fois-ci, non. Même lorsque j’essaie de la motiver en lui montrant que je veux moi aussi participer à son activité favorite, elle résiste, et me montre à son tour qu’elle veut juste s’installer confortablement sur mon pull posé sur le sable. Son regard est plein de tendresse. Je cède et viens m’installer près d’elle pour la caresser. Elle fait alors quelque chose de complètement nouveau. Elle s’approche de mon visage et vient poser délicatement le plat de sa tête contre mon front. On reste comme ça, immobiles pendant 5 minutes tandis que je la caresse.

Dernière photo de Toupie lors de ce moment à la plage.

Nous partons de cette plage. Toupie marche tout doucement, comme si elle essayait de ne pas faire de bruit et de se faire la plus discrète possible. Elle n’est décidément pas comme d’habitude. Mais tout son comportement est super attendrissant. De retour chez notre copain qui nous héberge jusqu’au lendemain, elle s’assied près de moi sur le canapé. Elle cherche le contact physique et ne cesse de me regarder de ses grands yeux expressifs. En passant la main sur sa poitrine, je sens que son cœur bat fort, assez vite et je relève quelques irrégularités dans le rythme. Elle ne semble en revanche rencontrer aucune difficulté à respirer et ses gencives sont de couleur normale, ce qui est rassurant. Toutefois, il semble bien qu’il s’agisse de l’évolution de son souffle au cœur. Une visite chez le vétérinaire va s’imposer dès notre retour à la maison le surlendemain.

La nuit se passe. Toupie dort avec nous, accompagnée de Kiara, une chienne Boxer que j’ai régulièrement eu l’occasion de garder. Le lendemain matin, vers 6h30, j’ouvre les yeux. Comme à mon habitude, je me redresse pour faire un gros câlin à Toupie. Comme à son habitude, ça lui donne envie de jouer. Comme à notre habitude, on fait notre petite bagarre matinale. Mon mari prend le relai, tandis que je file remplir la gamelle d’eau pour Kiara à la salle de bains. Je me suis à peine absentée de la chambre que j’entends : « Jenny, Toupie est en train de se faire pipi dessus et ça ne s’arrête pas ! ». Ce n’est pas son habitude, ça. Je rapplique immédiatement, et je crois qu’à ce moment, je sais…

Je la porte au plus vite à l’extérieur car je sais qu’elle va se vider aussi par ailleurs. Elle tremble, elle gémit, et elle a du mal à respirer. Ses yeux sont écarquillés et son regard, cette fois-ci empli de panique, dans ma direction. Kiara donne des petites impulsions du bout de sa truffe sur la tête et le corps de Toupie. Elle aussi, elle sait… Le cœur de Toupie bat fort et pas régulièrement. Il lutte pour lui distribuer l’oxygène dont elle a besoin. Le vétérinaire d’urgence n’est pas tout près, il nous faut y aller immédiatement. Je sais ce qu’il va dire et faire. C’est l’heure… Je ne suis pas prête. Comment le pourrais-je….? Peut-on l’être un jour…? J’enveloppe Toupie dans une couverture au cas où elle continue de se vider, je la prends dans mes bras et me place à l’arrière du van avec elle, mon mari au volant. Je lui parle non stop et garde ma main sur son coeur.

On roule 100 mètres. Ses yeux regardent au loin. Elle pousse des soupirs dont le son me hante encore. Elle alterne entre raidissements et relâchement total.

200 mètres. Elle ne cesse d’ouvrir la gueule comme pour essayer de saisir une bouffée d’air.

300 mètres. Elle gémit. Son coeur bat n’importe comment. Ses yeux sont ouverts mais son regard n’est plus là…

400 mètres. Un gros battement de coeur se fait sentir dans sa cage thoracique, accompagné d’un horrible râle. Son dernier battement de coeur, son dernier souffle… C’est fini.

Toupie nous a quittés ce dimanche 20 août 2023 tôt le matin. Dans mes bras. Dans le van. Ses endroits préférés. On ne pouvait pas espérer mieux pour elle, au final. Puis c’est allé vite. Tout ça, ça s’est passé en 5 minutes. 5 minutes probablement trop longues pour la souffrance par laquelle elle était en train de passer, mais je pense aussi suffisamment courtes pour que ça ne perdure pas. Mince consolation que de ne pas avoir eu à prendre la décision de la faire partir. Elle est partie seule. Et elle nous a attendus pour ça. Toute la semaine où elle était en garde, elle a attendu. La veille à la plage, elle savait…

Le chagrin est extrêmement difficile à vivre. Certains n’ont pas compris ma douleur ; c’est qu’ils ne me connaissaient pas bien… Même si c’était une petite chienne très calme, son absence se fait sentir et en est assourdissante. Elle était tout le temps près de moi, à chaque instant…

Toupie est partie pour son ultime voyage, vers le paradis des chiens. Elle avait 13 ans. Merci pour ces 10 années auprès de moi…

J’ai été très touchée par les centaines (oui, oui) de messages reçus des 4 coins du monde pour elle. Ça m’a rappelé combien elle a vadrouillé et ça en dit long sur sa petite personnalité si attachante.

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